La première réaction de chacun à la découverte du Revenu de Base Inconditionnel est souvent : «Plus personne ne travaillera !».
En y regardant de plus près, il est possible de voir que le Revenu de Base Inconditionnel n’est pas contre le travail, au contraire. Il favorise de nombreuses activités que le système actuel ignore.
Plus personne ne travaillera ? Vraiment ? Le Revenu de Base Inconditionnel nous pousserait à passer notre vie sur une chaise longue ?
Depuis la nuit des temps, l’humain aime inventer, créer, se lancer des défis, monter des projets. Rester couché sur une chaise longue fait surtout rêver quand on vit dans un rythme effréné et quand on déteste son travail.
Quand on a la possibilité de choisir ce que l’on veut vraiment faire DE sa vie et pas DANS la vie, la chaise longue ça va un moment, au début. Puis on se lasse.
Une question de motivation
Le psychologue Maslow a démontré qu’il existe une progression des besoins. Il les a représentés sous forme d’une pyramide. Lorsque les besoins de base sont satisfaits, de nouveaux besoins apparaissent. Ce sont de nouvelles motivations qui nous poussent à avancer dans la vie.
Dans notre société, trop de citoyens ont des difficultés à assurer leurs besoins de survie et sécurité, besoins qui sont à la base de la pyramide. Ainsi il est normal que le citoyen lambda ne voie pas d’autres motivations dans la vie que ces besoins de base.
Quelles motivations poussent un milliardaire à avancer dans la vie ? J’observe que de nombreux milliardaires travaillent. Ils sont motivés par les besoins d’estime et d’accomplissement de soi qui occupent le haut de la pyramide de Maslow.
Le Revenu de Base Inconditionnel permet de combler le besoin de survie de tout le monde. Ainsi il permet à l’entièreté de la société de s’ouvrir à de nouvelles motivations.
Sortir du conditionnement de la survie
Le progrès technique et l’automatisation nous offrent une productivité suffisante pour sortie de l’ère de la survie où tout est rare.
Mais nous sommes toujours englués dans un mode de pensée de survie : « celui qui ne travaille pas ne mange pas ». Notre enfance a été bercée par des fables vieilles de trois siècles comme La Cigale et la Fourmi.
Il est temps d’avoir une pensée adaptée à notre époque. L’économiste Yann Moulier-Boutang lance une piste :
Entre les figures de la cigale insouciante et de la fourmi industrieuse, s’interpose celle de l’abeille : son travail de pollinisation ne crée pas de valeur directe, mais aucune production ne pourrait exister sans lui. De même, chacun, par ses activités quotidiennes les plus anodines, participe indirectement à l’économie.
Il faut comprendre ici le mot « économie » dans son sens premier : « les règles de vie en communauté » [voir l’encadré en bas de la page] et non dans son sens réducteur d’ « économie marchande ».
Notre société a tendance à tout vouloir placer sous l’angle de l’économie marchande. Ainsi même le statut social d’une personne dépend souvent de son emploi, de sa contribution à la société via une activité rémunérée.
Il serait pourtant temps de laisser les humains choisir leurs moyens de contribuer à la société (dans ou hors l’emploi) et d’ainsi considérer les personnes pour ce qu’elles sont et non pour la place qu’elles occupent.
En conservant de vieux schémas, on se limite à fonctionner en économie de survie. Une économie destinée à produire toujours plus, produire trop, et nous laver le cerveau avec la pub pour consommer plus, consommer trop.
La justification de ceci est souvent d’offrir des emplois. Quand on ne sait pas faire autrement, on continue avec les vieilles recettes connues. Mais l’économie du futur, bien que marginale, est déjà là. Le Revenu de Base Inconditionnel nous permettra d’y entrer pleinement.
L’économie du futur
L’économie collaborative balbutiante montre déjà un potentiel énorme. Mais souvent, elle fait peur, car elle menace des emplois. (Ex : l’hôtellerie veut la peau du site de partage de logements AirBnb) L’emploi n’est qu’une des formes du travail : c’est le travail rémunéré. D’autres formes de contribution à la société existent.
Le Revenu de Base Inconditionnel n’est pas contre le travail, au contraire. C’est le système actuel qui se limite à ne valoriser que l’emploi comme seule forme de travail. Un système incluant un Revenu de Base Inconditionnel favorise toutes les formes de travail, du travail domestique au bénévolat en passant par l’emploi rémunéré.
Avec l’arrivée d’outils comme l’imprimante 3D, le monde de la fabrication d’objets change. Il va ressembler de plus en plus au monde de la création de logiciels. Dans ce monde, la production est l’oeuvre d’une communauté de cocréateurs. Dans l’agriculture, on observe aussi une tendance à la collaboration avec l’agriculture contractuelle de proximité. Cette forme d’agriculture engage les consommateurs à participer à la production de leur nourriture. La permaculture va encore plus loin. C’est la collaboration avec les plantes, les animaux et l’habitat au service de l’économie du vivant. C’est un travail très utile, mais peu rémunérateur. Le Revenu de Base Inconditionnel permet ce travail.
L’économie du futur sera collaborative, de pensée globale, mais d’action locale. (Pour en savoir plus lire l’article à propos de l’économie collaborative) Elle sera ainsi plus écologique, plus sociale et aussi plus efficace. En effet, le Revenu de Base Inconditionnel permet de transformer facilement une passion en contribution à la société.
Sachons saisir cette chance de n’avoir plus que des gens passionnés par leur travail. Devenons tous des abeilles pollinisatrices.
économie
Un mot composé des racines grecques:
- οἶκος, oîkos : habitation
- νόμος, nómos : loi
L’économie représente les lois qui régissent notre habitat, notre communauté. Tout comme l’écologie est l’étude de cet habitat, de notre environnement.
Comme toutes règles, les règles du jeu de l’économie peuvent se changer. C’est ce que fait le Revenu de Base Inconditionnel afin de remettre l’économie au service des humains et de l’environnement.
Retrouvez cet article dans L’inconditionnel, le Journal du Revenu de Base. (à la p. 5)
Pour découvrir d’autres articles, voici le sommaire de l’Inconditionnel...
Ce journal Belgo-franco-suisse tiré à 60 000 exemplaires est disponible dans de nombreux points relais et aussi en téléchargement au format PDF….
Bonne lecture
Bonjour, le principe est intéressant mais il serait malgré tout fort utile de parler de quelques possibilités de financer le RBI. Sinon, il y a le risque que les gens pensent que c’est du pur délire, que ça va ruiner la Suisse, et que c’est simplement impossible de payer les gens hors travail rémunéré.
Personnellement c’est la démarche qui m’avait convaincu. Au début je me suis dit que c’était impossible, et ensuite j’avais vu une vidéo d’une demi.heure qui expliquait le principe et ça m’avait paru plausible, donc j’avais changé d’avis !
Si on ne peut pas montrer que le truc est techniquement possible, les gens n’y croiront pas.
Exemple : on pourrait imposer que le solaire remplace toutes les centrales thermiques ou nucléaires actuelles. Mais si on ne peut pas montrer par A+B que ça tient la route, ça ne passera jamais !
Merci de votre commentaire.
par curiosité quel est la vidéo d’une demi heure dont vous parlez ?
Sinon, il y a des propositions de financement qui sont expliquées sur ce site. Il suffit de lire sur la page d’accueil sous la rubrique: “comment financer le RBI”…
Un petit lien qui peut vous être utile quant à la sensibilisation.
https://m.youtube.com/watch?ebc=ANyPxKqbcU_ZwXCYxDKqzIrZAuRAycns35qZGQSVD6G7qlVKXwYK9NK84beHDRXz3ksrM_erFH0c&time_continue=2122&v=uhg0SUYOXjw
Attention, le salaire à vie n’est pas du tout le même projet que le Revenu de Base Inconditionnel.
Le Revenu de Base Inconditionnel, reconnait l’Etre et pas juste le Faire. Ainsi le RBI est donné de la naissance à la mort et pas comme le salaire à vie qui est donné seulement à partir de 18 ans..
Voici toute un article où j’expose un peu plus les différences entre salaire à vie et Revenu de Base Inconditionnel. Personnellement, le salaire à vie ne me fait pas rêver, contrairement au RBI 🙂
Mon article sur la différence entre le salaire à vie et le revenu de base inconditionnel…
Merci:)
Je suis complêtement d’accord sur ce point de vu, c’est un autre modèle mais l’idée du lien était surtout de mettre en avant les jolies illustrations d’un capitalisme nefaste quant aux principes universels de l’homme et par la même occasion à l’environnement
Je recommande vivement la lecture d’un excellent article sur ce sujet de la plume de l’analyste Guy Sirman.
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/cette-lumi%C3%A8re-qui-vient-du-nord
Meilleures salutations,
Paul Pittet
Bonjour à tous,
Ayant visionné un débat sur le RBI dans l’émission “Infrarouge”, je dois reconnaître qu’auparavant, cette idée me semblait farfelue et idéaliste. Cependant, avec du recul et en examinant les changements qui s’opèrent au sein de l’économie et le monde de la finance (dans lequel je suis un apprentissage), cette idée ne me semble du coup, beaucoup plus sensée que les contre-arguments proposés par messieurs Slatkine, Gallerdi ou Clottuz.
Au sein de mon entreprise, de plus en plus de personnes sont en train d’expérimenter le concept du travail à domicile (économies de trajet, économie de place, employé moins stressé), et tous reconnaissent qu’ils sont effectivement plus motivés à travailler plus longtemps grâce au temps gagné et un certain stress éliminé, et l’entreprise réalise des charges beaucoup moins élevées qu’auparavant. Il y a 15 ans, cette idée aussi était farfelue, pourtant, le privé s’y met.
Etant encore jeune (24 ans), et poursuivant ma formation, je dois avouer que le RBI résoudrerait un bon nombre de problèmes : primes d’assurance hors de prix alors que je ne suis jamais malade et en parfaite santé, logé encore chez mes parents car les loyers peuvent s’élever jusqu’à 2’000 CHF, même à la campagne et pour un studio dans un grenier où je n’ai pas la place pour travailler, de plus, ne m’entendant pas bien avec mes parents, ils sont tenus par la loi de m’entretenir jusqu’à mes 25 ans, mais tout juste pour régler mes paiements pour l’assurance, TPG, etc. Donc, quel que soit le montant, je trouve le concept intéressant, et pourrait trouver des solutions à de nombreuses personnes telles que moi à sortir d’une impasse financière qui nous condamne tous les jours à stresser et à devenir des calculatrices sur pattes dans les supérettes, et relâcherait pas mal de tension dont je suis sûr pas mal de monde en souffre.
Le financement du projet reste encore une question en suspens, mais je suis certain que la Confédération trouvera une solution à cela comme elle l’a faite pour l’AVS, l’AI, etc.
Je salue votre engagement, et j’en parle autour de moi pour changer les avis concernant le texte de l’initiative, et je pense que la Suisse est suffisamment riche pour se subvenir à elle-même. Merci de la lecture et désolé du pavé littéraire que je viens d’écrire,
Mes salutations respectueuses,
Vass
Membre du PLR, je suis en effet très déçu de leur prise de position actuel sur ce sujet. Elle me semble plus découler d’un réflexe conservateur qu’une de réelle réflexion sur le projet. En effet, je suis membre car je suis un libéral convaincu. Je crois en l’individu à sa créativité et je méfie à une trop grande intervention de l’Etat. le 20’ième siècle a assez prouvé qu’un Etat omniscient est contre-productif économiquement et anti-libéral individuellement. Toutefois ce projet responsabilisant l’individu et le libérant économiquement me paraît être parfaitement en accord avec le libéralisme. D’ailleurs celui-ci diminuerait l’intervention Étatique de quasi mise sous tutelle des gens au social. Cela permettrait aussi de valoriser les travaux de bénévolat, familiaux, etc et de revaloriser la capacité de négociation du salarié particulièrement vis à vis de jobs ingrats. La question qui me chiffonnait c’est la question du financement. Il me paraît inconcevable de voter sur un projet qui bloquerait l’économie par des taxes excessives, ou qui se financerait par endettement sans sans fin. Il semble que cette question a été très bien géré par les initiants. Je voterai donc OUI à ce projet! Meilleurs salutations. Lionel W
Même égoïstement, les plus de 65 ans devraient soutenir le RBI pour avoir une chance que leurs enfants ou petits-enfants puissent leur consacrer du temps, sans être dans la précarité, ou à leurs crochets pour autant. Un peu plus de partage inter-générationnel serait une bonne chose pour tout le monde.