Revenu de base pour les enfants

Maintenant que l’initiative pour un revenu de base inconditionnel a été déposée, il convient de répondre aux nombreuses objections qui ont été avancées à son égard.

L’une d’elles concerne le cas des enfants : quel revenu de base faut-il attribuer aux enfants et selon quelles modalités ?

enfants revenu de base

Une recherche rapide sur le web francophone montre que cette question n’est pour l’instant pas abordée avec tout le sérieux qu’elle mériterait. Tout au plus, lorsque cette question est mentionnée, un montant de la moitié ou du quart de celui attribué aux adultes est juste proposé en vitesse, en passant. Je n’ai trouvé qu’un article sur le site du syndicat Syna  « … il sera évolutif pour les enfants et les jeunes… », mais sans entrer dans plus de détails.

Ce peu d’intérêt pour cette question est-il lié à un manque d’intérêt des partisans du RBI ou à la nature particulière de la relation enfant-argent telle que la perçoit la société ? Mon avis est que cette question n’est généralement soulevée que dans le contexte de la question du financement du RBI et qu’il est tentant de simplifier les aspects complexes par des approximations. Il est effectivement pratique de considérer le revenu de base d’un enfant comme étant une fraction de celui d’un adulte, afin de déterminer le montant global que cela représenterait.

Mais cette simplification à outrance, sans même mentionner que la réalité est plus complexe, laisse penser que l’on envisage véritablement d’attribuer cette fraction uniformément de la naissance de l’enfant jusqu’à sa majorité. Or une telle approche produirait de nombreux effets pervers que les opposants au revenu de base ont déjà dénoncés.

Sur mon blog, j’ai écrit un article intitulé « Revenu de base inconditionnel : quid des enfants ? » qui a l’ambition de proposer un modèle d’application du RBI aux mineurs qui soit exempt de ces effets pervers et pas trop éloigné des pratiques actuelles de l’apprentissage de l’indépendance financière.

Revenu de Base Inconditionnel distribué progressivement aux enfants

Le coût du Revenu de Base Inconditionnel

On s’arrêtera volontiers sur le montant, que certains qualifieront d’astronomique, du financement nécessaire à l’introduction du RBI1. C’est souvent sans la conscience de ce qu’est l’argent réellement, et de ce qui est nécessaire pour que l’argent serve vraiment la société dans sa globalité.

L’argent existe, entre autre, pour faciliter (ou fluidifier) l’échange de marchandises2. Il est donc important qu’il circule : à partir du moment où une partie de la population n’en a plus, elle ne peut plus consommer. Dans ce contexte, les échanges se font plus rares. C’est la situation que nous vivons aujourd’hui : les ménages ont de moins en moins d’argent alors qu’une faible minorité accumule les richesses. C’est la crise qui a commencé en 2008 et qui semble ne pas se terminer.

On objectera qu’il n’y a qu’a créer de la richesse par une activité nouvelle. Là encore, c’est se méprendre sur le fonctionnement de l’économie, et confondre création de richesse et création d’argent : Si je crée un objet que personne n’a l’occasion d’acheter, je n’ai pas créé de la richesse, j’ai créé un déchet. D’ailleurs, si quelqu’un peut se l’acheter, je ne crée pas de l’argent, juste un mouvement d’argent : à l’issue de la transaction j’en ai plus, mais quelqu’un en a moins. L’argent n’est pas créé par le travail, il est créé par la dette. C’est pourquoi aujourd’hui la plupart des pays et des ménages sont endettés : l’ensemble des dettes contractées par ces derniers constitue la masse monétaire en circulation dans le monde.

Alors qu’en est-il du Revenu de Base dans ce contexte ? Et bien il s’agit de faire circuler l’argent dans le pays. En prélevant le montant nécessaire d’une façon ou d’une autre de façon répartie sur la population et en le redistribuant de façon uniforme à chacun3, cela lui permet de circuler. Celui qui ne reçoit que ça n’aura pas d’autre choix que de le dépenser (alimentation, logement, services de base), alimentant ainsi l’économie réelle. C’est la même logique que celle qui poussa Henry Ford à augmenter le salaire de ses employés en déclarant « un ouvrier bien payé est un excellent client ».

Ceci contrairement à celui qui a beaucoup et qui ne fera que thésauriser son argent, voir investir dans d’autres pays. Et lorsqu’on parle d’investir, on pense immédiatement à un bénéfice : contrairement à un don, un prêt n’enrichit pas celui qui le reçoit mais l’appauvri, car un jour il devra rendre plus.

Dans le système économique actuel, la seule façon pour qu’il y ait encore de l’argent pour fluidifier l’économie tout en préservant le statut du 1% les plus riches, c’est l’augmentation de la croissance et de l’endettement des ménages ou des pays. Pourtant, on sait aujourd’hui que la plupart des pays sont écrasés par leur dette, et que la planète ne résistera pas à une augmentation de la consommation au rythme de ces 50 dernières année.

Le Revenu de Base Inconditionnel est donc l’une des façon de maintenir la circulation de l’argent sans avoir recours à l’emprunt ou à la croissance. Cela favorise le commerce de proximité, les artisans et les PME locales. Ce n’est pas de l’argent qui va dans la poche de l’Etat ou qui profitera à un petit nombre, c’est de l’argent pour vivre.


 

1 Environ 200 milliards de francs pour un revenu imaginé de 2500.- par mois et par habitant.

2 On pense souvent que l’apparition de la monnaie a fait suite au troc. Cependant c’est une idée fausse : l’argent a été créé par les dirigeants pour financer leurs armées et récupérer une partie de la valeur produite par les ouvriers. La dette, et donc le crédit, a été créée bien avant l’apparition de la monnaie. Voir à ce propos : https://www.youtube.com/watch?v=syAkdb_TDyo

3 On s’imagine souvent que c’est la base de la théorie communiste. Il n’en est rien : le communisme s’attaque à l’Etat, à la monnaie et à la propriété privée. Il s’agit ici de redistribuer une partie, en l’occurrence un tiers, des richesses produites aux habitants du pays.