Pour la prochaine votation sur l’initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel en Suisse. Il est important de bien comprendre sur quoi l’on va voter.
Ainsi nous allons ici décrypter pas à pas le texte de l’initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel.
L’idée de base de ce texte est d’ancrer dans la constitution le principe du Revenu de Base Inconditionnel. Mais rien d’autre.
C’est le principe même d’une constitution: contenir des principes.
Voici le texte issu de l’administration fédérale:
Initiative populaire fédérale ‘Pour un revenu de base inconditionnel’
La Constitution est modifiée comme suit:
Art. 110a (nouveau) Revenu de base inconditionnel
1 La Confédération veille à l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.
2 Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique.
3 La loi règle notamment le financement et le montant du revenu de base.
L’explication en vidéo pour les gens qui n’aiment pas lire.. et en texte ci-dessous…
On voit que le texte est très très simple contrairement à celui d’autres initiatives:
Alinéa 1
Le but de cet alinéa demande l’instauration d’un Revenu de Base Inconditionnel.
Alinéa 2
Il existe plusieurs formes de Revenu de Base Inconditionnel. Selon les théories, il y a des Revenus de Bases qui sont tellement faibles qu’il ne permettent pas de vivre et d’autres qui sont suffisants pour vivre. Ce qui dans leur application est fondamentalement différent.
Ainsi cet alinéa 2 précise de quel type de Revenu de Base Inconditionnel on parle.
Il doit permettre “à l’ensemble de la population de mener un existence digne et de participer à la vie publique“.
Que veut dire “Mener une existence digne” en Suisse ?
Ça parait compliqué à évaluer pour la plupart des gens. Mais en fait, dans le cadre de cette initiative, c’est très simple. Il suffit de reprendre les évaluations qui sont faites par la CSIAS sur la base desquelles les aides sociales de tous le pays sont calculées.
Le terme de “et participer à la vie publique” précise que ce Revenu de Base Inconditionnel n’est pas limité à la survie de la personne, mais qu’il est un peu plus élevé que le minimum vital, car il reconnait qu’une personne participe à la vie publique. Ces mots reconnaissent qu’il faut quelques moyens pour avoir une vie sociale normale, pour être informés de ce qu’il se passe dans notre société, pour mener une vie politique et associative, etc.
Donc le texte de cette initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel ne définit pas de montant précis du Revenu de Base, mais suffisamment d’indications pour que l’on puisse le chiffrer et l’indexer au coût de la vie.
A qui est donné le Revenu de Base Inconditionnel ?
L’alinéa 2 nous dit que c’est à “l’ensemble de la population“. Ainsi c’est toute personne qui réside légalement de façon permanente sur le territoire suisse.
Donc le Revenu de Base Inconditionnel est donné aux Suisses et aux étrangers qui vivent légalement en Suisse.
Alinéa 3
Cet alinéa précise qu’il faudra créer une loi pour y décrire les détails de la mise en place du Revenu de Base Inconditionnel en Suisse.
Cette lois devra notamment inclure les points les plus épineux qui sont le financement et le montant du Revenu de Base Inconditionnel.
…. et voilà c’est tout !
C’est finalement pas sorcier… 🙂
Pourquoi le montant et le mode de financement ne sont pas dans le texte de l’initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel ?
Certaines personnes s’opposent à cette initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel car le texte n’est pas assez précis.
Personnellement, je trouve que ce texte est très bien conçu.
Il ne faut pas oublier que l’on parle de la constitution. Une constitution est faite pour y introduire des principes, pas des règles précises. Une constitution est difficile à changer. Ainsi il sera difficile d’adapter le financement et le montant à la situation réelle du moment.
Je pense que si l’on veut vraiment voir un jour un Revenu de Base Inconditionnel, il faut faire les choses correctement et dans l’ordre.
C’est à dire, d’abord ancrer le principe dans la constitution. Puis discuter avec toutes les forces politiques du moment pour qu’un consensus se dégage autour d’une solution juste pour tous.
C’est un long chemin. Mais il fonctionne. Il a fallu 60 ans à l’idée de l’AVS pour passer du programme du parti radical à une solution concrète. J’espère que ça ira plus vite pour le Revenu de Base Inconditionnel, mais comme tout va plus vite à notre époque je ne me fais pas de soucis.
La pratique semble montrer qu’effectivement un principe a plus de chance d’être accepté qu’un détail.
Voici les résultats de deux votations à propos de salaire minimum qui ont eu lieu dans le canton de Neuchâtel:
- Le 27 novembre 2011, c’est 54.64% des neuchâtelois qui acceptent le principe d’un salaire minimum cantonal.
- Le 18 mai 2014, c’est 68% des neuchâtelois qui refusent un salaire minimum fédéral à CHF 4000.-
Pourquoi un tel renversement de situation ? Comment passer d’une majorité de pour à une majorité de contre sur le même sujet ?
La petite différence qui change tout, c’est le fait de voter sur un principe ou sur un montant !
Les principes, les grandes idées rassemblent. C’est les détails qui divisent.
Actuellement, je ne connais personne qui est contre le principe de l’AVS. Par contre le détail de la concrétisation du principe est souvent discuté et modifié.
Je suis certain que le principe du Revenu de Base Inconditionnel est accepté par une immense majorité des gens.
C’est sur la manière de le concrétiser que j’entend le plus d’avis divergents. C’est là qu’il y a une polarisation gauche droite qui se fait. Pas sur le principe.
Alors faisons les choses dans l’ordre acceptons le principe du Revenu de Base Inconditionnel. Nous aurons encore largement le temps de discuter de la suite.
L’histoire est en marche.
Bonjour, le principe est intéressant mais il serait malgré tout fort utile de parler de quelques possibilités de financer le RBI. Sinon, il y a le risque que les gens pensent que c’est du pur délire, que ça va ruiner la Suisse, et que c’est simplement impossible de payer les gens hors travail rémunéré.
Personnellement c’est la démarche qui m’avait convaincu. Au début je me suis dit que c’était impossible, et ensuite j’avais vu une vidéo d’une demi.heure qui expliquait le principe et ça m’avait paru plausible, donc j’avais changé d’avis !
Si on ne peut pas montrer que le truc est techniquement possible, les gens n’y croiront pas.
Exemple : on pourrait imposer que le solaire remplace toutes les centrales thermiques ou nucléaires actuelles. Mais si on ne peut pas montrer par A+B que ça tient la route, ça ne passera jamais !
Merci de votre commentaire.
par curiosité quel est la vidéo d’une demi heure dont vous parlez ?
Sinon, il y a des propositions de financement qui sont expliquées sur ce site. Il suffit de lire sur la page d’accueil sous la rubrique: “comment financer le RBI”…
Un petit lien qui peut vous être utile quant à la sensibilisation.
https://m.youtube.com/watch?ebc=ANyPxKqbcU_ZwXCYxDKqzIrZAuRAycns35qZGQSVD6G7qlVKXwYK9NK84beHDRXz3ksrM_erFH0c&time_continue=2122&v=uhg0SUYOXjw
Attention, le salaire à vie n’est pas du tout le même projet que le Revenu de Base Inconditionnel.
Le Revenu de Base Inconditionnel, reconnait l’Etre et pas juste le Faire. Ainsi le RBI est donné de la naissance à la mort et pas comme le salaire à vie qui est donné seulement à partir de 18 ans..
Voici toute un article où j’expose un peu plus les différences entre salaire à vie et Revenu de Base Inconditionnel. Personnellement, le salaire à vie ne me fait pas rêver, contrairement au RBI 🙂
Mon article sur la différence entre le salaire à vie et le revenu de base inconditionnel…
Merci:)
Je suis complêtement d’accord sur ce point de vu, c’est un autre modèle mais l’idée du lien était surtout de mettre en avant les jolies illustrations d’un capitalisme nefaste quant aux principes universels de l’homme et par la même occasion à l’environnement
Je recommande vivement la lecture d’un excellent article sur ce sujet de la plume de l’analyste Guy Sirman.
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/cette-lumi%C3%A8re-qui-vient-du-nord
Meilleures salutations,
Paul Pittet
Bonjour à tous,
Ayant visionné un débat sur le RBI dans l’émission “Infrarouge”, je dois reconnaître qu’auparavant, cette idée me semblait farfelue et idéaliste. Cependant, avec du recul et en examinant les changements qui s’opèrent au sein de l’économie et le monde de la finance (dans lequel je suis un apprentissage), cette idée ne me semble du coup, beaucoup plus sensée que les contre-arguments proposés par messieurs Slatkine, Gallerdi ou Clottuz.
Au sein de mon entreprise, de plus en plus de personnes sont en train d’expérimenter le concept du travail à domicile (économies de trajet, économie de place, employé moins stressé), et tous reconnaissent qu’ils sont effectivement plus motivés à travailler plus longtemps grâce au temps gagné et un certain stress éliminé, et l’entreprise réalise des charges beaucoup moins élevées qu’auparavant. Il y a 15 ans, cette idée aussi était farfelue, pourtant, le privé s’y met.
Etant encore jeune (24 ans), et poursuivant ma formation, je dois avouer que le RBI résoudrerait un bon nombre de problèmes : primes d’assurance hors de prix alors que je ne suis jamais malade et en parfaite santé, logé encore chez mes parents car les loyers peuvent s’élever jusqu’à 2’000 CHF, même à la campagne et pour un studio dans un grenier où je n’ai pas la place pour travailler, de plus, ne m’entendant pas bien avec mes parents, ils sont tenus par la loi de m’entretenir jusqu’à mes 25 ans, mais tout juste pour régler mes paiements pour l’assurance, TPG, etc. Donc, quel que soit le montant, je trouve le concept intéressant, et pourrait trouver des solutions à de nombreuses personnes telles que moi à sortir d’une impasse financière qui nous condamne tous les jours à stresser et à devenir des calculatrices sur pattes dans les supérettes, et relâcherait pas mal de tension dont je suis sûr pas mal de monde en souffre.
Le financement du projet reste encore une question en suspens, mais je suis certain que la Confédération trouvera une solution à cela comme elle l’a faite pour l’AVS, l’AI, etc.
Je salue votre engagement, et j’en parle autour de moi pour changer les avis concernant le texte de l’initiative, et je pense que la Suisse est suffisamment riche pour se subvenir à elle-même. Merci de la lecture et désolé du pavé littéraire que je viens d’écrire,
Mes salutations respectueuses,
Vass
Membre du PLR, je suis en effet très déçu de leur prise de position actuel sur ce sujet. Elle me semble plus découler d’un réflexe conservateur qu’une de réelle réflexion sur le projet. En effet, je suis membre car je suis un libéral convaincu. Je crois en l’individu à sa créativité et je méfie à une trop grande intervention de l’Etat. le 20’ième siècle a assez prouvé qu’un Etat omniscient est contre-productif économiquement et anti-libéral individuellement. Toutefois ce projet responsabilisant l’individu et le libérant économiquement me paraît être parfaitement en accord avec le libéralisme. D’ailleurs celui-ci diminuerait l’intervention Étatique de quasi mise sous tutelle des gens au social. Cela permettrait aussi de valoriser les travaux de bénévolat, familiaux, etc et de revaloriser la capacité de négociation du salarié particulièrement vis à vis de jobs ingrats. La question qui me chiffonnait c’est la question du financement. Il me paraît inconcevable de voter sur un projet qui bloquerait l’économie par des taxes excessives, ou qui se financerait par endettement sans sans fin. Il semble que cette question a été très bien géré par les initiants. Je voterai donc OUI à ce projet! Meilleurs salutations. Lionel W
Même égoïstement, les plus de 65 ans devraient soutenir le RBI pour avoir une chance que leurs enfants ou petits-enfants puissent leur consacrer du temps, sans être dans la précarité, ou à leurs crochets pour autant. Un peu plus de partage inter-générationnel serait une bonne chose pour tout le monde.