Un OVNI politique
Le Revenu de Base Inconditionnel a la particularité d’être un sujet politique non partisan. En effet, aucun parti politique n’a un avis clair sur la question. De chaque côté de l’échiquier politique on trouve des partisans et des opposants au RBI.
Ainsi, dans le milieu des militants du RBI, on dit souvent que…
Le Revenu de Base Inconditionnel, n’est ni de droite, ni de gauche.. Il va de l’avant !
Le principe du RBI associe des concepts qui sont souvent opposés dans les partis “classiques”. Pour faire bref, le RBI mélange les valeurs de liberté et de responsabilité personnelle chère à la droite avec la solidarité chère à la gauche.
Du coup le mélange des genres ne rentre dans la ligne pure d’aucun parti !
C’est que le Revenu de Base Inconditionnel va dans une logique de gagnant-gagnant. Chacun peut y trouver son compte. Le temps des partis en opposition est fini !
Un point qui doit plaire à la gauche
Comme chacun peu y trouver son compte, dans cet article, j’ai envie de montrer aux gens de gauche que le Revenu de Base Inconditionnel est un outil très efficace au service d’une cause chère à la gauche:
- Inciter à augmenter les bas salaires.
En effet, c’est un sujet récurrent à gauche. Le revenu global de peuple suisse (le PIB) est toujours en croissance, mais il ne profite pas à tout le monde. Les richesses sont très mal redistribuées. Les inégalités sont croissantes et la gauche aimerait une meilleure redistribution du gâteau.
Le salaire minimum fixe: un mauvais outil
En mai dernier, le peuple suisse s’est prononcé sur une initiative pour l’introduction dans la constitution d’un salaire minimum de CHF 4000.-
Le bilan des urnes a été très dur pour les syndicats et partis de gauche qui soutenaient cette initiative. La majorité des votants a nettement rejeté cette initiative (76% contre).
Quelles sont les raisons de ce rejet ?
J’ai fait ma petite étude sur un cas très particulier. Celui du canton de Neuchâtel:
- Le 27 novembre 2011, c’est 54.64% des neuchâtelois qui acceptent le principe d’un salaire minimum cantonal.
- Le 18 mai 2014, c’est 68% des neuchâtelois qui refusent un salaire minimum à CHF 4000.-
Pourquoi un tel renversement de situation ? Comment passer d’une majorité de pour à une majorité de contre ?
La petite différence qui change tout, c’est le fait de voter sur un principe ou sur un montant !
En effet, ça ne semble pas être une grande différence, mais ça change tout.
Les arguments qui ont convaincus les suisses de voter non sont (qu’ils soient vrais ou non, ils ont fait mouche !):
- le fait qu’un montant fixe pour un salaire minimum ne tient pas compte des disparités régionales, des particularités de branches économiques et des situations personnelles.
- Le fait qu’une entreprise en démarrage, n’est pas forcément rentable tout de suite. Ainsi, un salaire minimum est un frein à la création d’entreprise.
Ainsi, j’en déduis, en tout cas dans le cas du canton de Neuchâtel, que les gens ne sont pas contre le principe d’une meilleure redistribution des richesses. (Le succès Suisse de l’initiative Minder montre un cas qui va dans ce sens.)
Mais les gens sont contre un outil trop rigide pour arriver à ce but.
Le RBI un meilleur outil pour augmenter les bas salaires
C’est ici qu’il faut bien observer les caractéristiques de l’outil Revenu de Base Inconditionnel. Ça ne saute pas aux yeux la première fois que l’on entend parler de RBI. Mais une fois que l’on connait un peu le détail du principe et des modèles de financement d’un Revenu de Base Inconditionnel en Suisse, on voit que cet outil a pour effet d’inciter à augmenter les bas salaires.
Je dis bien inciter et non pas obliger. C’est là tout la différence de cet outil. C’est là sa force. Contrairement au salaire minimum arbitraire et fixe, le RBI est un outil qui peut augmenter les bas salaires tout en prenant en compte les particularités régionales, de branches ou de situations personnelles.
Pour mieux comprendre, voici un schéma qui compare la situation de trois salaires différents:
De ce dernier schéma, on observe que le Revenu de Base Inconditionnel incite à augmenter les bas salaires. En effet, si le montant du revenu total n’est pas très différent du Revenu de Base Inconditionnel, on peut supposer que certaines personnes renoncerons à travailler pour gagner si peu (le cas tout à droite sur ce schéma). Il ne faut pas oublier que souvent un travail rémunéré n’est pas qu’un gain d’argent, c’est aussi un coût. (Ex: frais de transports pour se rendre sur son lieu de travail et/ou de garde d’enfants)
Ainsi, si un employeur veut des employés. Il doit rendre plus attractif le travail qu’il propose.
C’est ici un des effets du Revenu de Base Inconditionnel. Il redonne un vrai pouvoir de négociation aux employés qui ne sont pas obligés d’accepter n’importe quoi sous la menace du chômage !
L’employeur peut rendre plus attractif l’emploi qu’il propose, soit en améliorant les conditions de travail (prestations en nature, flexibilisation des horaires, etc…) ou en augmentant le salaire (la part rose sur le schéma).
C’est là que l’on voit que le RBI est beaucoup plus souple que le salaire minimum fixe. Le montant de la part incitative à travailler (en rose) est déterminée par l’offre et la demande et par des négociations entre employé et employeur (ou des conventions collectives). La détermination de ce montant peut tenir compte des particularités régionales, de branches ou personnelles. Cette part s’adapte à chaque cas.
Le RBI pour ré-équilibrer le rapport de force employeur-employé
Personnellement je vois ici des avantages du côté employés qui ré-équilibrent un peu la situation du marché du travail actuel qui n’est plus un marché libre, mais une bataille dans laquelle de nombreuses personnes se sacrifient pour espérer y mettre un pied (ou un peu plus).
Une étude d’Adecco a montré que depuis 2007, il y a une augmentation de 40% du nombre de place de stage. Un stage, c’est mal payé, voir pas payé du tout ! C’est une forme moderne d’esclavage. Cette même étude montre le paradoxe que plus une personne fait de stage, moins elle a de chance de trouver un emploi !
C’est un paradoxe au premier abord, mais moi j’y vois quelque chose de tout à fait logique. Il y a des branches économiques, je pense au journalisme par exemple, qui fonctionnent de plus en plus, uniquement avec des stagiaires. Les stagiaires se relayent de 6 mois en 6 mois. Il y a assez de journalistes au chômage pour alimenter en permanence ce système.
A ce jeu là, l’outil salaire minimum, ne résout pas beaucoup le problème, il garanti un bon revenu aux chanceux qui ont un emploi, mais ne résout rien pour les autres !
Un Revenu de Base Inconditionnel change totalement la donne.
Que veut-on vraiment ? Garantir le plein emploi ou que les gens puissent vivre ?
Avec un RBI, un journaliste peut devenir journaliste indépendant, il peut s’associer avec d’autres et créer un média de qualité tout en étant assuré de vivre. Sur cette base nettement plus saine qu’un stage, il pourra certainement monnayer son activité et en faire une affaire florissante.
Le RBI ne révèle pas son potentiel au premier coup d’oeil
J’espère avoir donné ici un éclairage assez clair pour que les gens de gauche y trouvent leur compte dans l’outil Revenu de Base Inconditionnel. (Les gens de droite ne vous en faites pas, je ferai aussi un article bientôt expliquer pourquoi les gens de droite doivent soutenir le Revenu de Base Inconditionnel)
S’il vous plait, étudiez bien à fond cet outil de Revenu de Base Inconditionnel, ne faites pas une analyse à la légère et pleine de dogmatisme comme l’a fait un conseiller national socialiste.
Il défend dans son argumentaire le salaire minimum avec un montant fixe comme outil parfait, mais on a vu le résultat. Mieux vaut inscrire un principe dans la constitution. C’est ce que propose le texte de l’initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel et c’est une bonne stratégie. (Même s’il y a des divergences sur le financement de l’AVS, tout le monde est pour le principe de l’AVS)
Chacune de ses objections peut être facilement démontée. C’est ce que l’on fait sur notre page dédiée aux réponses aux objections courantes au RBI.
Le Revenu de Base Inconditionnel n’est pas un outil parfait, mai il peut réellement inciter à augmenter les bas salaires et surtout il éradique vraiment la pauvreté (Actuellement le seuil de pauvreté en Suisse est à CHF 2200.- par mois pour une personne seule).
Il me semble que c’est un argument fondamental qui devrait convaincre toute personne de soutenir le Revenu de Base Inconditionnel, et d’autant plus les personnes de gauche.
Si vous voulez en apprendre encore plus sur le principe du Revenu de Base Inconditionnel, je vous invite à suivre notre Piste Vita du RBI. Ce n’est pas une obligation, mais comme vous êtes une personne qui aime voter en connaissance de tous les éléments je vous recommande cette piste pour bien vous informer.
Bonjour, le principe est intéressant mais il serait malgré tout fort utile de parler de quelques possibilités de financer le RBI. Sinon, il y a le risque que les gens pensent que c’est du pur délire, que ça va ruiner la Suisse, et que c’est simplement impossible de payer les gens hors travail rémunéré.
Personnellement c’est la démarche qui m’avait convaincu. Au début je me suis dit que c’était impossible, et ensuite j’avais vu une vidéo d’une demi.heure qui expliquait le principe et ça m’avait paru plausible, donc j’avais changé d’avis !
Si on ne peut pas montrer que le truc est techniquement possible, les gens n’y croiront pas.
Exemple : on pourrait imposer que le solaire remplace toutes les centrales thermiques ou nucléaires actuelles. Mais si on ne peut pas montrer par A+B que ça tient la route, ça ne passera jamais !
Merci de votre commentaire.
par curiosité quel est la vidéo d’une demi heure dont vous parlez ?
Sinon, il y a des propositions de financement qui sont expliquées sur ce site. Il suffit de lire sur la page d’accueil sous la rubrique: “comment financer le RBI”…
Un petit lien qui peut vous être utile quant à la sensibilisation.
https://m.youtube.com/watch?ebc=ANyPxKqbcU_ZwXCYxDKqzIrZAuRAycns35qZGQSVD6G7qlVKXwYK9NK84beHDRXz3ksrM_erFH0c&time_continue=2122&v=uhg0SUYOXjw
Attention, le salaire à vie n’est pas du tout le même projet que le Revenu de Base Inconditionnel.
Le Revenu de Base Inconditionnel, reconnait l’Etre et pas juste le Faire. Ainsi le RBI est donné de la naissance à la mort et pas comme le salaire à vie qui est donné seulement à partir de 18 ans..
Voici toute un article où j’expose un peu plus les différences entre salaire à vie et Revenu de Base Inconditionnel. Personnellement, le salaire à vie ne me fait pas rêver, contrairement au RBI 🙂
Mon article sur la différence entre le salaire à vie et le revenu de base inconditionnel…
Merci:)
Je suis complêtement d’accord sur ce point de vu, c’est un autre modèle mais l’idée du lien était surtout de mettre en avant les jolies illustrations d’un capitalisme nefaste quant aux principes universels de l’homme et par la même occasion à l’environnement
Je recommande vivement la lecture d’un excellent article sur ce sujet de la plume de l’analyste Guy Sirman.
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/cette-lumi%C3%A8re-qui-vient-du-nord
Meilleures salutations,
Paul Pittet
Bonjour à tous,
Ayant visionné un débat sur le RBI dans l’émission “Infrarouge”, je dois reconnaître qu’auparavant, cette idée me semblait farfelue et idéaliste. Cependant, avec du recul et en examinant les changements qui s’opèrent au sein de l’économie et le monde de la finance (dans lequel je suis un apprentissage), cette idée ne me semble du coup, beaucoup plus sensée que les contre-arguments proposés par messieurs Slatkine, Gallerdi ou Clottuz.
Au sein de mon entreprise, de plus en plus de personnes sont en train d’expérimenter le concept du travail à domicile (économies de trajet, économie de place, employé moins stressé), et tous reconnaissent qu’ils sont effectivement plus motivés à travailler plus longtemps grâce au temps gagné et un certain stress éliminé, et l’entreprise réalise des charges beaucoup moins élevées qu’auparavant. Il y a 15 ans, cette idée aussi était farfelue, pourtant, le privé s’y met.
Etant encore jeune (24 ans), et poursuivant ma formation, je dois avouer que le RBI résoudrerait un bon nombre de problèmes : primes d’assurance hors de prix alors que je ne suis jamais malade et en parfaite santé, logé encore chez mes parents car les loyers peuvent s’élever jusqu’à 2’000 CHF, même à la campagne et pour un studio dans un grenier où je n’ai pas la place pour travailler, de plus, ne m’entendant pas bien avec mes parents, ils sont tenus par la loi de m’entretenir jusqu’à mes 25 ans, mais tout juste pour régler mes paiements pour l’assurance, TPG, etc. Donc, quel que soit le montant, je trouve le concept intéressant, et pourrait trouver des solutions à de nombreuses personnes telles que moi à sortir d’une impasse financière qui nous condamne tous les jours à stresser et à devenir des calculatrices sur pattes dans les supérettes, et relâcherait pas mal de tension dont je suis sûr pas mal de monde en souffre.
Le financement du projet reste encore une question en suspens, mais je suis certain que la Confédération trouvera une solution à cela comme elle l’a faite pour l’AVS, l’AI, etc.
Je salue votre engagement, et j’en parle autour de moi pour changer les avis concernant le texte de l’initiative, et je pense que la Suisse est suffisamment riche pour se subvenir à elle-même. Merci de la lecture et désolé du pavé littéraire que je viens d’écrire,
Mes salutations respectueuses,
Vass
Membre du PLR, je suis en effet très déçu de leur prise de position actuel sur ce sujet. Elle me semble plus découler d’un réflexe conservateur qu’une de réelle réflexion sur le projet. En effet, je suis membre car je suis un libéral convaincu. Je crois en l’individu à sa créativité et je méfie à une trop grande intervention de l’Etat. le 20’ième siècle a assez prouvé qu’un Etat omniscient est contre-productif économiquement et anti-libéral individuellement. Toutefois ce projet responsabilisant l’individu et le libérant économiquement me paraît être parfaitement en accord avec le libéralisme. D’ailleurs celui-ci diminuerait l’intervention Étatique de quasi mise sous tutelle des gens au social. Cela permettrait aussi de valoriser les travaux de bénévolat, familiaux, etc et de revaloriser la capacité de négociation du salarié particulièrement vis à vis de jobs ingrats. La question qui me chiffonnait c’est la question du financement. Il me paraît inconcevable de voter sur un projet qui bloquerait l’économie par des taxes excessives, ou qui se financerait par endettement sans sans fin. Il semble que cette question a été très bien géré par les initiants. Je voterai donc OUI à ce projet! Meilleurs salutations. Lionel W
Même égoïstement, les plus de 65 ans devraient soutenir le RBI pour avoir une chance que leurs enfants ou petits-enfants puissent leur consacrer du temps, sans être dans la précarité, ou à leurs crochets pour autant. Un peu plus de partage inter-générationnel serait une bonne chose pour tout le monde.