Allégations fédérales et mises aux points
Voici mes réponses aux allégations et conclusions du Conseiller fédéral Alain Berset qui recommande le non à l’initiative.
Mesdames et Messieurs, le 5 juin, nous allons voter sur une initiative qui vise à ancrer dans la constitution fédérale le droit pour tous de bénéficier d’un revenu de base inconditionnel.
Avec ce texte, l’Etat verserait un certain montant à chaque personne…
Faux ! L’Etat n’a pas besoin de verser le RBI qui n’a rien à voir avec son fonctionnement. Le RBI peut être géré par une caisse publique, comme aujourd’hui l’AVS dont il est d’ailleurs possible de reprendre les structures.
Le texte de l’initiative est formulé en termes très généraux, sans préciser exactement qui aurait droit à quoi et aucun mode de financement n’est proposé…
Vrai et à juste titre ! Tous nos textes constitutionnels sont formulés en termes généraux. Le contraire aurait été âprement critiqué, comme cela l’a déjà été le cas avec des textes d’initiative qui rivent des détails d’application dans la Constitution. Introduire le principe est la première étape. C’est le rôle du Parlement de définir ensuite les lois d’application. S’il fait mal son travail, le peuple souverain le lui fera savoir par referendum.
L’introduction d’un revenu de base n’est pas le bon moyen pour y parvenir…
Faux ! Le système actuel échoue parce qu’il produit de plus en plus d’inégalité. Le RBI éradique la pauvreté et garantit dans son principe une existence digne à chacun. C’est pourquoi il intéresse de nombreux pays comme solution à la crise de l’emploi.
Son impact serait négatif pour l’économie…
Faux ! aujourd’hui, c’est de ne pas avoir de RBI qui est négatif pour l’économie. L’automatisation grandissante de la production provoque le chômage et une pression à la baisse sur les salaires. Cette perte de revenu et de pouvoir d’achat de la classe moyenne est facteur de la crise économique systémique que nous connaissons depuis 2008.
Le RBI est favorable à l’économie parce qu’il apporte ce socle de revenu nécessaire pour soutenir la consommation qui, à son tour, soutient la production et la création d’emploi. Relancer la consommation par un paiement direct à la population fait d’ailleurs partie de l’arsenal de mesures envisagées par les banques centrales pour relancer l’économie.
…pour le système de sécurité sociale…
Faux ! « Notre système de sécurité est devenu tellement complexe qu’il est devenu à la fois pléthorique et insuffisant » – Guy-Olivier Segond, ancien Président du Conseil d’Etat de Genève et directeur de l’Action sociale en faveur de l’initiative. Le RBI est un progrès social qui simplifie le système en remplaçant une pluie de dispositifs conditionnels et leurs structures administratives séparées par une allocation unique. Il supprime ces mesures d’assistanat forcé et de contrôle qui ne servent à rien et qui sont imposées à des gens simplement parce qu’ils ne trouvent pas de travail suffisamment payé pour pouvoir en vivre. Le RBI apporte la base de sécurité économique nécessaire à l’ensemble de la population et permet à notre système social de mieux s’occuper des personnes en véritable difficulté d’intégration sociale.
L’incitation à exercer une activité lucrative diminuerait pour les salariés à bas revenus ou à temps partiel…
Faux ! D’un montant juste suffisant pour une vie simple, sans effet de seuil et s’ajoutant aux autres revenus, le RBI encourage de trouver toute activité lucrative pour le compléter.
Et cette situation augmenterait encore le manque de personnel qualifié…
Faux ! Le personnel qualifié touche des salaires élevés qui ne sont pas concernés par le RBI. Au contraire, le RBI permet la formation à tout âge et augmente ainsi les niveaux de qualifications des salariés.
De fortes hausses d’impôts ou des économies drastiques seraient en outre nécessaires pour financer cette mesure…
Faux ! Le besoin de financement est de 20 milliards, moins que tous les coûts de la santé liés au travail… Il suffirait d’introduire une micro taxe sur l’ensemble des transactions financières électroniques de 0.05%, soit par exemple Fr. 50.- sur un transfert de Fr. 100’000.- pour financer le RBI, sans autre charge ou économie.
Le RBI ne pourrait pas remplacer entièrement l’actuel système de sécurité sociale…
Vrai ! Ce n’est heureusement pas son but. Il remplace seulement la part de revenu nécessaire pour couvrir les besoins fondamentaux, comme manger, se loger, les frais médicaux et participer à la vie publique. C’est la base de revenu suffisante pour une immense majorité de la population. Une aide sociale personnalisée et des prestations complémentaires resteront nécessaires pour les personnes qui ne peuvent travailler et qui ont besoin de plus, comme pour des frais de santé plus élevés. Mais elle se limitera à ces cas d’exceptions.
En Suisse, lorsqu’une personne ou un ménage se retrouve en situation de détresse et ne peut plus subvenir à son entretien, il a le droit d’être aidé. Ce droit est inscrit dans la Constitution et il est garanti par notre système de sécurité sociale qui est très ciblé…
L’initiative vise un profond changement qui affecterait la cohésion sociale, le rôle du travail rémunéré, le marché de l’emploi…
Vrai, mais progressif et positif ! Le texte de l’initiative ne précise pas de délai d’application et laisse toute latitude au gouvernement d’étudier et de préparer sa mise en place au rythme et à la manière optimaux.
Le RBI renforce la cohésion sociale en mettant un terme au chantage à l’emploi, à la stigmatisation de la protection sociale ciblée et en encourageant le bénévolat.
Le RBI permet au travail rémunéré d’adapter son rôle pour devenir complémentaire au RBI puisqu’il n’y a plus assez de rémunération du travail pour tout le monde.
Le RBI permet au marché de l’emploi de retrouver le sens du mot « marché » parce que tous ses acteurs jouiront de la liberté de contracter, pas uniquement les employeurs.
Les succès économiques et les acquis sociaux de la Suisse seraient mis en péril…
Faux ! C’est sans le RBI que la Suisse serait en péril parce qu’il n’y a plus assez d’emploi et de rémunération du travail pour maintenir une classe moyenne forte. Gouverner, c’est prévoir. Vouloir appliquer les bonnes vielles recettes du passé aux nouveaux problèmes et défis complètement différents d’aujourd’hui et de demain est un manque de vision politique qui pourrait mettre en périls nos succès économiques et nos acquis sociaux. Refuser le RBI pourrait bien nous conduire à rendre dans le décor du tournant historique de nos sociétés au XXIe siècle.
Pour toutes ces raisons, le Parlement et le Conseil fédéral vous recommandent de rejeter l’initiative pour un RBI
Vrai, mais… faux ! Le Conseil fédéral et le Parlement argumentent que l’économie suisse ne peut pas se permettre de redistribuer une part de la richesse produite suffisante pour vivre modestement à l’ensemble de sa population… Tous nos acquis sociaux durement gagnés par le passé ont été prétendus désastreux pour l’économie. Pourtant, ils sont devenus nos standards incontestés et notre économie s’en est que mieux portée. Même démocratiquement élus, les gouvernements oublient bien vite qu’ils sont au service du peuple et non de quelques intérêts particuliers. Le RBI n’est pas pour les uns ou les autres. Il est pour tout le monde. C’est pour ça qu’il fait peur à ceux qui tirent leurs avantages des divisions. Redistribuer de l’argent à toute la population est donner liberté et pouvoir à chacun. Le RBI n’est pas bon pour le gouvernement. Il est bon pour le peuple. C’est pour cette raison que notre gouvernement dit non et que nous allons voter oui.
Bonjour, le principe est intéressant mais il serait malgré tout fort utile de parler de quelques possibilités de financer le RBI. Sinon, il y a le risque que les gens pensent que c’est du pur délire, que ça va ruiner la Suisse, et que c’est simplement impossible de payer les gens hors travail rémunéré.
Personnellement c’est la démarche qui m’avait convaincu. Au début je me suis dit que c’était impossible, et ensuite j’avais vu une vidéo d’une demi.heure qui expliquait le principe et ça m’avait paru plausible, donc j’avais changé d’avis !
Si on ne peut pas montrer que le truc est techniquement possible, les gens n’y croiront pas.
Exemple : on pourrait imposer que le solaire remplace toutes les centrales thermiques ou nucléaires actuelles. Mais si on ne peut pas montrer par A+B que ça tient la route, ça ne passera jamais !
Merci de votre commentaire.
par curiosité quel est la vidéo d’une demi heure dont vous parlez ?
Sinon, il y a des propositions de financement qui sont expliquées sur ce site. Il suffit de lire sur la page d’accueil sous la rubrique: “comment financer le RBI”…
Un petit lien qui peut vous être utile quant à la sensibilisation.
https://m.youtube.com/watch?ebc=ANyPxKqbcU_ZwXCYxDKqzIrZAuRAycns35qZGQSVD6G7qlVKXwYK9NK84beHDRXz3ksrM_erFH0c&time_continue=2122&v=uhg0SUYOXjw
Attention, le salaire à vie n’est pas du tout le même projet que le Revenu de Base Inconditionnel.
Le Revenu de Base Inconditionnel, reconnait l’Etre et pas juste le Faire. Ainsi le RBI est donné de la naissance à la mort et pas comme le salaire à vie qui est donné seulement à partir de 18 ans..
Voici toute un article où j’expose un peu plus les différences entre salaire à vie et Revenu de Base Inconditionnel. Personnellement, le salaire à vie ne me fait pas rêver, contrairement au RBI 🙂
Mon article sur la différence entre le salaire à vie et le revenu de base inconditionnel…
Merci:)
Je suis complêtement d’accord sur ce point de vu, c’est un autre modèle mais l’idée du lien était surtout de mettre en avant les jolies illustrations d’un capitalisme nefaste quant aux principes universels de l’homme et par la même occasion à l’environnement
Je recommande vivement la lecture d’un excellent article sur ce sujet de la plume de l’analyste Guy Sirman.
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/cette-lumi%C3%A8re-qui-vient-du-nord
Meilleures salutations,
Paul Pittet
Bonjour à tous,
Ayant visionné un débat sur le RBI dans l’émission “Infrarouge”, je dois reconnaître qu’auparavant, cette idée me semblait farfelue et idéaliste. Cependant, avec du recul et en examinant les changements qui s’opèrent au sein de l’économie et le monde de la finance (dans lequel je suis un apprentissage), cette idée ne me semble du coup, beaucoup plus sensée que les contre-arguments proposés par messieurs Slatkine, Gallerdi ou Clottuz.
Au sein de mon entreprise, de plus en plus de personnes sont en train d’expérimenter le concept du travail à domicile (économies de trajet, économie de place, employé moins stressé), et tous reconnaissent qu’ils sont effectivement plus motivés à travailler plus longtemps grâce au temps gagné et un certain stress éliminé, et l’entreprise réalise des charges beaucoup moins élevées qu’auparavant. Il y a 15 ans, cette idée aussi était farfelue, pourtant, le privé s’y met.
Etant encore jeune (24 ans), et poursuivant ma formation, je dois avouer que le RBI résoudrerait un bon nombre de problèmes : primes d’assurance hors de prix alors que je ne suis jamais malade et en parfaite santé, logé encore chez mes parents car les loyers peuvent s’élever jusqu’à 2’000 CHF, même à la campagne et pour un studio dans un grenier où je n’ai pas la place pour travailler, de plus, ne m’entendant pas bien avec mes parents, ils sont tenus par la loi de m’entretenir jusqu’à mes 25 ans, mais tout juste pour régler mes paiements pour l’assurance, TPG, etc. Donc, quel que soit le montant, je trouve le concept intéressant, et pourrait trouver des solutions à de nombreuses personnes telles que moi à sortir d’une impasse financière qui nous condamne tous les jours à stresser et à devenir des calculatrices sur pattes dans les supérettes, et relâcherait pas mal de tension dont je suis sûr pas mal de monde en souffre.
Le financement du projet reste encore une question en suspens, mais je suis certain que la Confédération trouvera une solution à cela comme elle l’a faite pour l’AVS, l’AI, etc.
Je salue votre engagement, et j’en parle autour de moi pour changer les avis concernant le texte de l’initiative, et je pense que la Suisse est suffisamment riche pour se subvenir à elle-même. Merci de la lecture et désolé du pavé littéraire que je viens d’écrire,
Mes salutations respectueuses,
Vass
Membre du PLR, je suis en effet très déçu de leur prise de position actuel sur ce sujet. Elle me semble plus découler d’un réflexe conservateur qu’une de réelle réflexion sur le projet. En effet, je suis membre car je suis un libéral convaincu. Je crois en l’individu à sa créativité et je méfie à une trop grande intervention de l’Etat. le 20’ième siècle a assez prouvé qu’un Etat omniscient est contre-productif économiquement et anti-libéral individuellement. Toutefois ce projet responsabilisant l’individu et le libérant économiquement me paraît être parfaitement en accord avec le libéralisme. D’ailleurs celui-ci diminuerait l’intervention Étatique de quasi mise sous tutelle des gens au social. Cela permettrait aussi de valoriser les travaux de bénévolat, familiaux, etc et de revaloriser la capacité de négociation du salarié particulièrement vis à vis de jobs ingrats. La question qui me chiffonnait c’est la question du financement. Il me paraît inconcevable de voter sur un projet qui bloquerait l’économie par des taxes excessives, ou qui se financerait par endettement sans sans fin. Il semble que cette question a été très bien géré par les initiants. Je voterai donc OUI à ce projet! Meilleurs salutations. Lionel W
Même égoïstement, les plus de 65 ans devraient soutenir le RBI pour avoir une chance que leurs enfants ou petits-enfants puissent leur consacrer du temps, sans être dans la précarité, ou à leurs crochets pour autant. Un peu plus de partage inter-générationnel serait une bonne chose pour tout le monde.