Jeudi 15 janvier à 10h20, la BNS abandonnait brutalement le taux plancher de l’Euro à Fr 1.20 qu’elle avait maintenu depuis septembre 2011. Un scandale ? Non, parce qu’il s’agissait d’une stratégie injuste et risquée qui ne pouvait que mal se terminer. Le scandale, c’est qu’elle ait maintenu ce taux à coup d’achat massif de devises étrangères, principalement de l’Euro contre du Franc suisse, « une politique interventionniste exceptionnelle et partisane » [1].
Pourquoi un scandale ? Parce que pour acheter ces Euros, elle a dû créer massivement de la monnaie helvétique au seul profit des entreprises exportatrices, portant ainsi atteinte au principe d’égalité : « Le principe d’égalité des êtres humains devant la loi, ici devant l’usage de la monnaie (…) exige quant à lui que tous les citoyens, seuls souverains du système monétaire, reçoivent une part égale des unités de la monnaie créée, quels que soient les besoins auxquels répond cette création. » [2]. Comme l’a dit Oswald Grübel, ex CEO de UBS : « Les gens avaient critiqué la socialisation des pertes des banques. Mais avec le taux de change fixe, c’est nous qui avons payé les bénéfices des entreprises » [3].
Cette politique de la BNS, pour maintenir artificiellement la Suisse hors de la crise à crédit, a logiquement trouvé un terme dans la démesure : un bilan de la Banque nationale qui approche les 600 milliards du PIB de la Suisse. Aujourd’hui vient le moment de passer à la caisse et de rendre compte à l’ensemble des citoyens de l’étendue des pertes.
Il est patent que la promesse répétée de M. Thomas Jordan, Président de la BNS, de « maintenir avec toute la détermination requise le taux plancher » a maintenu par la même occasion nos entreprises et notre monde politique dans un optimisme déconnecté de toute appréciation raisonnable du contexte économique international. Comme quoi, les vendeurs de rêve ne sont pas qu’au coin de nos rues…
Le réveil aujourd’hui se promet d’être brutal : des entreprises disparaîtront alors que d’autres auront un bon prétexte pour licencier massivement ou péjorer les conditions de travail. Les salaires vont baisser, le pouvoir d’achat de la classe moyenne se réduire, le marché intérieur va en conséquence se ralentir et la croissance diminuer, avec même peut-être un risque de récession. La Suisse est aujourd’hui pleinement touchée par la crise économique qui secoue le monde depuis 2007.
Alors que les habituels ténors de nos médias bien contrôlés chantaient pendant toute la période du taux plancher que tout allait bien en Suisse, que notre économie était bien supérieure aux autres, qu’il était normal que notre pays soit un îlot de prospérité dans une économie mondiale en ruine, des citoyens responsables et prévoyants œuvraient en silence en portant et en faisant aboutir l’initiative populaire fédérale « Pour un Revenu de base inconditionnel » munie de plus de 126’000 signatures [4].
Le revenu de base, une rente mensuelle, universelle, individuelle et inconditionnelle, juste suffisante pour vivre, serait une bien meilleure réponse à la crise que la création monétaire pratiquée par la BNS qui ne profite qu’à un petit groupe de privilégiés. Elle remplacerait la part de revenu du travail ou de prestations sociales qui remplit le besoin économique pour mener une vie décente et socialement intégrée.
C’est une protection sociale moderne et digne de ce nom dans une société qui ne peut plus garantir le plein emploi, une situation pour laquelle notre système social conventionnel n’a jamais été conçu. Il apporte aussi l’ultime solution pour sauver notre économie de sa faillite programmée en garantissant le maintien du flux monétaire nécessaire à la pérennité de l’économie réelle.
Déjà finançable par les transferts de revenus existants, il le serait d’autant plus facilement si on lui transférait aussi une part du bénéfice de la création monétaire nationale, à supposer qu’on décide aussi de ne plus réserver ce bénéfice aux seules banques et entreprises exportatrices.
La Suisse qui entre en crise, est-ce vraiment un malheur ou plutôt une opportunité, pour que le peuple se prononce massivement pour un « oui » au revenu de base ? L’avenir nous le dira…
[4] Les avantages du revenu de base inconditionnel sont multiples, parmi ceux-ci : fin de la précarité et de la stigmatisation – plus besoin de craindre d’avoir à mendier pour vivre ni de sentiment de culpabilité de vivre aux crochets de sa famille ou de l’aide sociale ; liberté d’entreprendre – le besoin d’existence étant garanti, il devient facile d’exercer toute activité souhaitée, qu’elle soit rentable ou non ; rationalisation de l’administration sociale – contrôles et enquêtes ne sont plus nécessaires (jusqu’à 80% du temps de travail d’un collaborateur social) ; ou encore, meilleurs rapports de travail – les employés ne sont plus contraints d’accepter des emplois à n’importe quelles conditions et les employeurs sont déchargés de la responsabilité d’assurer la survie de leurs employés. – revenudebase.ch
Clair, net, concis, complet, bravo !
Une petite remarque : la TRM démontre aussi que tout système monétaire libre fondé sur un DU est parfaitement égal par changement de référentiel à un système monétaire libre aussi, de création monétaire moindre et “financé” pour l’autre part du RdB.
Autrement dit, sur la base d’une monnaie libre, on peut la transformer pour la faire apparaître, sans la modifier, “comme si”, c’était une monnaie de moindre création monétaire, et de taxes supérieures. Tout comme si, le soleil tournant autour de la Terre, un changement de référentiel fait apparaître le tout comme si c’était la terre qui tournait sur elle même, le soleil restant lui immobile.
http://www.creationmonetaire.info/2014/09/video-trm-universite-dete-du-revenu-de-base.html
oui l’analogie est assez exacte : en fonction du référentiel c’est le soleil qui tourne autour de la Terre ou l’inverse… mais que lorsqu’on oublie dans ces référentiels le reste du système solaire.
Sitôt que l’on inclut les autres planètes voire le reste de l’univers, ca ne tient plus. C’est bien là le souci.
Le monde est malheureusement plus complexe que ça et les bonnes idées basées sur des réalités tronquées ne sont souvent que des fausses bonnes idées voire des catastrophes inimaginables (cf. les moineaux de Mao)
Heureuse de constater que le RBI se positionne sur de solides piliers en termes d’idées fortes et de concepteurs intelligents.
Parce qu’il faut tenir compte du facteur des consciences de ce pays, qui relève du “donnant-donnant”, pourrait-on imaginer qu’en contre-partie d’un RBI, les personnes ne travaillant pas s’engageraient à renoncer à leur voiture et se déplaceraient dès lors par d’autres moyens de transport ? J’y vois au moins 3 avantages :
1. Motiverait et rassurerait les sceptiques et les “nein-Sager” qui veulent justement un retour sur investissement (donnant-donnant)
2. Réduirait drastiquement la circulation automobile donc motiverait et rassurerait les “travailleurs” pendulaires en voiture qui n’en peuvent plus de se faire quotidiennement rouler dans les bouchons
3. Réduirait considérablement l’émission des gaz
Je n’y vois qu’un inconvénient : l’économie automobile et tous ses corollaires (assurances, garages, carrosseries, etc.) en seraient un peu perturbées…
Danièle Porchet
Heu… quelle crise ? Ce que je vois surtout c’est que la BNS a finalement extrêmement bien joué en cassant la courbe d’entrée de crise et relâche la pression maintenant permettant à la Suisse d’absorber le choc.
La crise majeure est évitée, l’adaptation est graduelle et la Suisse ne sent que très peu la crise au regard des autres nations autour de nous. Un coup de maître.
Oui on a aidé nos entreprises, mais ca ne nous a rien coûté, sauf de déprécier notre monnaie par rapport aux autres. Toute l’Europe rêve de pouvoir faire pareil… Mais aussi on a travaillé plus pour garder un niveau de rendement concurrentiel, et maintenant c’est ça que vous voulez détruire : au moindre problème on lâche l’affaire, de toute manière le minimum est assuré. Mais quand les entrées ne seront plus assurées, comment va-t-on assurer les paiements du RBI ? par de la dette…? ou alors on baissera les rentes ? jusqu’où ? et à ce moment là comment redémarrer une économie détruite ?
Heureusement le capitalisme finit toujours par reprendre le dessus et tous les services qui devraient avoir disparu (cafés/bars, hôtellerie, ouvriers peu qualifiés, stages, etc…) seront déjà remplacés par des étrangers qui juste arrivés n’auront pas droit au RBI mais ne seraient finalement là que pour travailler 3-5 ans, le temps d’obtenir leur rente à vie… financée par qui ? par les nouveaux qu’on devra faire venir pour les remplacer et profiter de l’aubaine, etc… A propos que se passerait-ils pour les retraités qui veulent partir à l’étranger ? perdraient-ils leur rente ? et les Suisses de l’étranger qui voudraient revenir (retraités ou pas) et les étrangers qui ont travaillé en Suisse et touchent l’AVS depuis l’étranger ?
Finalement je pense qu’un modèle mathématique avec un grand nombre de variables devrait pouvoir refléter l’évolution d’un tel système, en se basant pourquoi pas sur des statistiques comme votre sondage (où finalement que 26% continueraient de travailler) et où l’évolution de notre économie serait également incluse pour tenir compte de l’évolution des moyens à disposition pour financer ce projet.
La méthode la plus simple à mettre en place est le modèle qui prélève une part de la Valeur Ajoutée Nette des entreprises.
Tu peux me donner un exemple concret ?
Je comprends pas vraiment ce que c’est le van, ça fonctionne qu’avec des entreprises côté en bourse ?
L’effort réel pour mettre financer un RBI est de ~18 milliards.. sur les 200 milliards au total qui ne sont que des ré-affectation. (L’argent en plus à trouver est celui pour les gens qui n’on actuellement pas le montant du RBI.. comme les enfants, les parents au foyer et les working poor…)
Il y a plusieurs méthodes pour aller chercher cet argent.
Une des méthodes (mais pas la seule) est ce que l’on appelle la “répartition tripartite de la Valeure Ajoutée Nette”. Il y a plusieurs définitions de la VAN.
En gros, une entreprise fait du chiffre d’affaire. Puis, elle paye ses charges (fournisseurs, mais aussi charge sociales obligatoires) et ses amortissements et ce qui reste est ce que l’on appelle ici, la VAN. C’est l’argent à disposition pour rémunérer, 1: la force de travail (les salaires), 2: les investissements (le capital, les actionnaires). C’est la véritable plus value financière d’une entreprise. C’est avant le bénéfice.
De ces 2 parts historiques qui sont rémunérées, ce modèle propose une 3ème part: la part du RBI. (d’où le nom tripartite)
A partir de la comptabilité nationale (la structure du PIB) on détermine que la part nécessaire pour financer le RBI uniquement avec la VAN (donc le cas extrême) est de ~40% de la VAN.
De la comptabilité nationale, on peut reporter à l’échelle d’une entreprise ce principe et donc. On imagine qu’une entreprise doit donc verser 40% de sa VAN à financer le RBI… et en échange ses employés reçoivent le RBI.
Ainsi l’entreprise peut choisir, en fonction de sa structure ou de sa politique de reporter cette charge ou non. Et si elle la reporte, ce sera à son choix plus ou moins sur le capital ou sur les salaires.
Dans le pire des cas. Si l’entreprise reporte tout sur les salaires. On peut imaginer que les salaires seront diminué d’autant que le montant du RBI…
… mais ça a un effet intéressant… si les salaires sont diminués trop… l’incitation à travailler diminue.. et donc l’entreprise aura donc plutôt tendance à augmenter la bas salaire.
On a observé que l’effet probable est que le revenu global des gens qui ont actuellement moins de 100 000.- / an va augmenter… en revanche le revenu global des gens qui ont actuellement un salaire de plus de 100 000.- / an va diminuer.
C’est un modèle qui permet de favoriser les bas salaires. Donc il est orienté à priori plutôt à gauche… C’est un modèle qui permet d’augmenter les revenus de 80% des salariés. Donc il devrait être populaire…
… mais, comme le montre ton message, il est très compliqué à comprendre… donc c’est peut être pas le meilleur.
Taxe à 0.5 pour mille les paiements électronique, ça rapporte 50 milliards.. et c’est nettement plus simple à comprendre. C’est indolore pour la majorité des gens. (CHF 50.- pour 100 000.- de paiement !), mais ça taxe bien le gros capital…
La réflexion continue !
@ 38:42
https://www.youtube.com/watch?v=t_NSduR3ymY
Merci je commence à tout assimiler !
Si il faut 40% du van
Cela veut dure que le van total des entreprise suisse équivaut à 45 milliards ? (18:40•100)
On as une idée de la répartition de ces 45 milliards ?
Ex: 20 milliards actionnaire
15 mil. Salaire
10 mil. Impôts
Bravo pour cette démonstration financière, mais à laquelle il manque une très probable baisse des coûts de la santé car il est clair qu’actuellement le travail rend malade et qu’en plus de nombreuses personnes utilisent cette voie pour arrêter de travailler.
Cela a-t-il été calculé?
Bonjour. Merci pour votre message.
Lors de l’expérience de revenu garanti au canada dans les années 1970… le taux d’hospitalisation a diminué de 8.5%. Surtout pour les maladies “psychiques”.
Ainsi on voit qu’effectivement il y a un potentiel d’économie dans le domaine de la santé. Et plus important encore, il y a des gens qui sont en meilleure santé ! .. Ce qui impacte encore plus le moral et le reste de la société.
http://public.econ.duke.edu/~erw/197/forget-cea%20%282%29.pdf
En suisse, le SECO a commandé 2 études sur le stress au travail. En 2000 et en 2010.
– En 2000 le coût directdu stress : CHF 4.2 Milliards / an
… et si l’on tient comptes de maladies et accidents professionnels induits par le stress on augmente les coûts: CHF ~8 Milliards / an
– En 2010… plus de chiffres… ça aurait trop évolué pour être dit ?
Car oui le stress a beaucoup augmenté. Le rapport dit:
On observe une augmentation du stress entre 2000 et 2010. Il y a moins de gens, “jamais” et “parfois” stressé et une augmentation de “très souvent stressé” qui passe de 26.6% à 34.4% p.5 du rapport 2010
http://www.ssp-fribourg.ch/ssp-fribourg/images/stories/ssp/dossier/Stress-StudieKurzbericht_interneDruckversion_fr_2.pdf
A Genève une étude montre que 31% des actifs déclarent que leur travail porte atteinte à leur santé ! (Dans l’ordre: maux de dos, stress, douleurs musculaires, etc..) Revue “La vie économique” 4-2007 p6
http://www.geneve.ch/sante-travail/doc/Cout_sante_rap_ch_fr.pdf
Donc oui, le Revenu de Base Inconditionnel, en permettant aux gens de baisser un peu le rythme ou de plus facilement se ré-orienter professionnellement dans leur vie a clairement le potentiel d’augmenter la santé de tous. 🙂
Moi je relève ceci, que je considère comme de la manipulation
“Il faut le savoir. Ainsi il y a 2 sortes de RBI à choix:
le RBI qui est de l’argent en plus pour tous => coûte 140 milliards
le RBI qui est de l’argent en plus uniquement pour ceux qui n’ont pas actuellement un revenu qui est de l’ordre du montant du RBI, soit: les enfants, les parents au foyer et les working poors. => coûte ~18 milliards
Au vue du montant global du PIB, les revenus du peuple suisse, Génération RBI a pour objectif le Revenu de Base Inconditionnel qui est de l’argent en plus pour tous.
Cependant, pour effectuer une transition en douceur vers ce modèle. Il est possible de discuter de la mise en place d’un RBI moins cher. Mais ce n’est pas l’objectif final.”
Je ne vois pas en quoi c’est de la manipulation, c’est mon avis exprimé sur un blog en mon nom personnel… (ce qui est indiqué en haut de la page)
.. le débat évolue…. et c’est une construction avec des discussions entre des citoyens. Quelle est donc votre avis sur la question ?
Le mien je l’ai exprimé ici et dans la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=MHa18pet4cM