2030 Oydssée dans le RBI est un feuilleton écrit par JC Novelle.
Plongez dans un avenir proche où le Revenu de Base Inconditionnel est une réalité quotidienne. Découvrez ce que ça change.
Vous retrouverez ici un épisode toute les 2 semaines.
Si vous ne l’avez pas déjà lu, commencez par l’épisode 1…
JACQUES CAPT
Assis devant son bureau, assommé par la demande de divorce de Gladys, Jacques Capt fixait sa tasse, les pensées noyées dans le café bien noir du matin. Comme à son habitude, il s’était levé tôt pour aller courir dans la forêt. Mais aujourd’hui le cœur n’y était pas. Sa vie basculait dans un tourbillon imprévu.
La tête ailleurs, il lisait les conclusions de son rapport « Impact du RBI sur les activités de Monsanto en Europe ». La Direction avait décidé de lancer cette étude car, suivant l’exemple de la Suisse et des pays nordiques, plusieurs autres pays européens prévoyaient l’introduction d’un RBI et Jacques devait en présenter les résultats le lendemain en séance de Direction.
Depuis sa nomination en tant que Directeur des opérations pour l’Europe, Jacques s’était plongé corps et âme dans ses nouvelles activités, parcourant l’Europe de long en large pour concrétiser la fusion de Monsanto et de Syngenta. Ce challenge représentait une étape clé dans sa carrière et il y avait mis toute son énergie. Il n’avait plus eu le temps pour sa famille. Au fond de lui, il savait que sa carrière l’avait emporté sur le reste, mais en même temps il détestait l’échec et pour lui ce divorce en était un.
Soudain, l’alarme de son agenda retentit. Il était 7h30 et il avait rendez-vous avec Marianne Nussbaum, la Directrice des Ressources Humaines. Il se leva et traversa le couloir. Il toqua à la porte. Marianne l’invita à entrer et il alla directement s’assoir à la table ronde.
- Merci d’avoir accepté de me présenter les résultats de l’étude. Comme tu le sais, je dois exceptionnellement m’absenter demain après-midi et je ne pourrais donc pas assister à la séance, dit-elle avec un sourire un peu gêné.
- Je t’en prie, c’est un plaisir, ajouta-t-il d’une voix aussi enjouée que possible.
Il ouvrit son portable pour montrer à Marianne les graphiques qui accompagnaient sa présentation. Depuis la fusion, Marianne et lui avaient souvent collaboré pour mettre en place les changements nécessaires. Assis à côté d’elle, il venait de réaliser que pendant ces dernières années, il avait passé plus de temps avec Marianne qu’avec Gladys.
- De manière générale, ce que nous avions prévu s’est confirmé. Le RBI a surtout eu un impact sur la gestion des RH, dit-il d’un air un peu préoccupé.
- A quel niveau ? S’intéressa-t-elle.
- Tout d’abord au niveau de l’organisation du temps de travail, ensuite de la formation et finalement du congé parental, dit-il en indiquant les graphiques qui montraient tous des courbes ascendantes.
- J’imagine que cela a engendré des coûts. La séance de demain risque de faire des remous, dit-elle en fronçant les sourcils.
- Sur l’ensemble de nos activités en Europe, cela se chiffre en millions d’euros, même si l’impact sur la rentabilité générale est nul, ajouta-t-il avec étonnement.
Lorsqu’il avait démarré l’étude, Jacques était convaincu que le coût du RBI serait un fardeau pour les entreprises de l’envergure de Monsanto. Il s’attendait à un surplus de charges qui pourraient même mettre en question la présence de l’entreprise dans les pays qui avaient introduit le RBI.
- Rappelle-moi les pays concernés par l’étude ?
- Il s’agit de la Finlande qui a adopté le RBI en 2017, la Suède en 2019, la Suisse en 2020 et la Norvège et le Danemark une année plus tard.
- Tout à l’heure, en parlant des coûts importants du RBI tu as dit qu’il n’y avait aucun impact sur la rentabilité de l’entreprise. Comment est-ce possible ?
- Simplement parce que les impacts positifs l’emportent sur les négatifs, dit-il sans cacher sa surprise.
En effet, tout comme le groupe de travail, Marianne fut très surprise par ces résultats. Cependant, l’étude montrait clairement le lien entre l’introduction du RBI et l’absentéisme, la motivation et l’état de santé général des personnes. Comme prévu, le RBI avait fait exploser les demandes de job sharing, de réaménagement du temps de travail et même de formation.
- Dans les cinq pays concernés, l’absentéisme a chuté drastiquement. Globalement, le taux de satisfaction au travail a grimpé de manière très significative. Il y a donc moins de turnover. En plus, comme les jours de formation ont également connu une forte augmentation, le niveau global de compétence dans l’entreprise est bien plus élevé aujourd’hui qu’avant l’introduction du RBI, ajouta-t-il presque enthousiaste.
Marianne prenait soigneusement note de tous ces éléments. Elle faisait partie d’une minorité au sein de Monsanto qui voyait dans le RBI une opportunité d’améliorer l’image de l’entreprise dans l’opinion publique. Les conclusions du rapport de Jacques la réjouissaient grandement.
- On dirait que ces résultats te plaisent. Je me souviens que tu es, ou tu étais en tous cas, un farouche opposant au RBI, dit-elle en riant.
- C’est vrai, mais il faut reconnaître que dans l’ensemble le RBI est plutôt positif pour l’entreprise. Et d’après ce que j’ai pu constater, nous ne sommes pas les seuls à obtenir les mêmes résultats.
- Tant mieux, cela va rendre la séance de demain moins houleuse que je l’imaginais, dit-elle avec soulagement.
En sortant du bureau de Marianne, Jacques avait oublié ses pensées noires de début de journée. Son esprit était entièrement absorbé par ce travail qu’il adorait.
De toute évidence, Jacques ne faisait pas partie des collaborateurs qui avaient demandé à travailler à temps partiel. Pour lui, RBI ou pas, le travail avait toujours été une priorité à laquelle il consacrait la majeure partie de son temps et de son énergie.
Son divorce n’y changerait rien.
Rendez-vous dans 2 semaines pour le prochain épisode de L’odysée dans le RBI…
Si même Monsanto est pour le RBI, y a-t-il toujours des opposants ?
Extra… ça y est je plonge dans le roman !
Super! Belle plongée 🙂
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