2030 Oydssée dans le RBI est un feuilleton écrit par JC Novelle.
Plongez dans un avenir proche où le Revenu de Base Inconditionnel est une réalité quotidienne. Découvrez ce que ça change.
Vous retrouverez ici un épisode toute les 2 semaines.
Si vous ne l’avez pas déjà lu, commencez par l’épisode 1…

GILLES REY

Parmi les quelques postulations reçues, Gilles Rey avait retenu celle de Gladys Delorme. C’est vrai que pour remplacer son maître torréfacteur actuel, il avait plutôt imaginé un homme, mais après le stage qu’elle avait fait et les entretiens qu’il avait eus avec elle, Gilles n’avait pas le moindre doute. C’était la personne idéale pour le poste.

« Ce métier, c’est un rêve d’enfant ! », lui avait dit Gladys avec des étincelles dans les yeux lors de leur premier entretien.

Pourtant, Gilles avait longtemps hésité avant de publier l’annonce. Les affaires étaient de plus en plus difficiles. Nespresso, qui avait dominé le marché pendant des années, contraignait toute la branche à proposer du café en capsules. En tant qu’indépendant, Gilles n’avait pas les moyens de développer son propre système. Mais le café était sa vie et il ne voulait pas y renoncer malgré les incertitudes sur la viabilité de son entreprise.

« Le café est un produit noble et je suis persuadée qu’il est tout à fait possible de développer de nouvelles formes d’expression».

Il faut dire que depuis 10 ans, le RBI avait éclairci l’avenir de Gilles. Sans résoudre tous les problèmes liés à son entreprise, le Revenu de Base Inconditionnel était un bol d’air bienvenu qui lui avait permis de poursuivre ses activités. Il en était le premier surpris, puisqu’en 2016 il avait voté non. A ce moment-là, il n’était pas convaincu par ce projet qui risquait de ralentir l’activité économique du pays. Il pensait comme beaucoup que cela allait pousser les gens à travailler moins, que le financement du projet n’était pas clair, que la Suisse allait connaître un afflux massif d’étrangers.

Aujourd’hui, Gilles accordait une importance particulière au RBI, c’est pourquoi il avait voulu connaître le point de vue de Gladys à ce sujet.

« J’ai toujours su que le RBI avait toute sa place en Suisse. Et depuis 2020, cela ne fait que se confirmer. Aujourd’hui, nous le constatons déjà, il y a moins d’inégalité, moins de burnout, plus de choix professionnel. D’ailleurs, sans le RBI je ne suis pas certaine que je pourrais envisager d’apprendre ce métier qui me passionne. D’autant plus que par la suite j’aimerais aller plus loin et créer des spécialités réellement uniques. Je suis certaine que votre entreprise a la structure et les ressources nécessaires pour y arriver ».

Gilles appréciait la franchise de Gladys. Il était heureux d’avoir rencontré une personne qui partageait ses points de vue. L’entendre parler avec enthousiasme des développements possibles, des nouveautés à créer, lui donnait l’impulsion nécessaire pour poursuivre ses activités.

Sans aucun doute, la candidature de Gladys Delorme était une opportunité unique pour l’entreprise de Gilles. Il avait besoin d’une personne passionnée capable d’amener des idées nouvelles. Quelqu’un en qui il pouvait avoir entière confiance, car même s’il maîtrisait les ficelles du métier, Gilles ne pouvait pas tout faire et une torréfaction de qualité ne s’improvisait pas.

Après 30 ans passés dans l’entreprise, Pascal Belet, son fidèle et envié maître torréfacteur, désirait pendre une retraite anticipée dans trois ans. Cette échéance avait sonné comme un glas pour Gilles, mais à présent il voyait l’avenir avec sérénité. Pascal était ravi de transmettre son savoir pour que le métier de maître torréfacteur perdure et Gladys faisait preuve d’une motivation à toute épreuve.

Gilles avait longuement discuté avec Pascal au sujet de la candidature de Gladys. Il voulait s’assurer de faire le bon choix.

  • Elle a un très grand potentiel. Comme tu le sais très bien, la torréfaction est un métier subtil. Pour obtenir des résultats d’une qualité irréprochable il faut déjà avoir des sens aiguisés, dit Pascal avec de l’admiration dans la voix.
  • Tu as tout à fait raison, acquiesça Gilles.
  • Elle a passé tous les tests avec succès. Elle a une vue parfaite, un goût sûr et déjà assez développé, un odorat fin et finalement une ouïe tout à fait capable de saisir le langage du café. En plus elle est très attentive aux détails, rien ne lui échappe.
  • On dirait que nous avons trouvé la perle rare !

Une vie dédiée au café avait fait de Pascal une encyclopédie vivante. Il connaissait par cœur les moindres détails de ce produit si apprécié et était capable en un clin d’œil de déterminer la qualité d’un café. Les paroles qu’il venait de prononcer rassuraient Gilles au plus haut point. Il était très rare de trouver une personne réunissant toutes les qualités.

Le rapport de stage de Gladys était très élogieux et ne faisait que confirmer les impressions de Gilles. Il ne restait plus qu’à fixer une date pour le début du contrat. L’entreprise de Gilles Rey se trouvait à un tournant et il disposait maintenant de tous les atouts pour entamer ce virage avec confiance.

Rendez-vous dans 2 semaines pour le prochain épisode de L’odysée dans le RBI…
Qui est ce mystérieux Pascal Belet ? Pourquoi prend-il sa retraite ? Comment Jaques le mari de Gladys va-t-il prendre la nouvelle ?