Quand j’explique les pistes de financement du Revenu de Base Inconditionnel, il y a toujours des gens qui viennent me dire: “OK, J’ai bien compris… il suffit du tiers du PIB de la Suisse pour financer le Revenu de Base Inconditionnel. Mais si les gens ne sont plus obligé de travailler, il y a plein de gens qui vont diminuer leur temps de travail... et donc le PIB va diminuer… et ton financement là, il ne va plus marcher !”
(edit en janvier 2016: le PIB fin 2014 était de 642 milliards.. et le coût du RBI 140 milliards… ainsi c’est 21% du PIB que coûte le RBI.. plus ça avance.. plus c’est possible)
Et bien non ! ce raisonnement, même s’il est répandu, il ne tient pas debout !
Si le nombre d’heures de travail diminue, ça ne veut pas dire que le PIB diminue aussi.
Il n’y a pas de corrélation entre un revenu et le temps passé à travailler pour le gagner !
Cette fausse croyance a été martelée pendant une célèbre campagne d’élection avec le slogan: travailler plus pour gagner plus... et bien non ça ne marche pas toujours comme ça !
Rémunération selon un tarif horaire
Il y a des métiers dont la rémunération est liée au temps de travail et d’autres pas.
Prenons l’exemple plausible d’une coiffeuse qui travaille 8h par jour, 5 jours par semaine pour un tarif horaire de CHF 25.-.
Ainsi en une semaine elle ne peut pas gagner plus de CHF 1000.- (donc CHF 4000.- par mois)
Si cette coiffeuse veut gagner plus, elle doit travailler plus selon le slogan.
Ok… ça marche… au début. Mais dans tous les cas elle sera limitée à la limite de 24h par jour.
Ainsi une coiffeuse qui ne dormirait pas, qui n’aurait aucune autre activité que son travail ne pourrait pas gagner plus de CHF 12 000 par mois.
Là impossible d’appliquer le slogan travailler plus pour gagner plus….
Si ma coiffeuse avait décidé de ne pas devenir coiffeuse mais de devenir avocate qu’est ce que ça aurait changé ?
Déjà j’aurai les cheveux très longs, vu que je n’aurai plus de coiffeuse. 😛 Mais surtout elle aurait pu avoir un tarif horaire plus élevé.
Prenons l’exemple d’un tarif horaire de CHF 300.-. Une avocate qui travaille à ce tarif 8h par jour peut gagner en une semaine CHF 12 000.-.
Ainsi, si ma coiffeuse était avocate elle pourrait gagner en une semaine ce qu’elle gagne en 3 mois ! Tous les métiers ne sont pas égaux face au temps. Mais il y a encore plus fort ! On peut changer totalement sa relation au temps.
Rémunération découplée du temps
Si, au lieu de vendre mon temps de travail, je vends un produit, tout se passe autrement. Mais là aussi il y a des grandes inégalités.
Prenons l’exemple d’un boulanger qui vend du pain. Il est évident que le temps qu’il met à vendre son stock ne va changer en rien le nombre de pain qu’il vend.
S’il a une boulangerie dans un lieu passant comme une gare, il va certainement vendre plus vite son pain que s’il est dans un coin perdu. Le temps de présence en magasin n’est pas directement lié au nombre de pain vendus. Par contre la fabrication des pains est liée au temps.
Ainsi le boulanger à tout intérêt à accélérer la cadence de fabrication pour vendre plus de pain et ainsi augmenter son revenu. Il a deux solutions:
- Il peut mécaniser sa boulangerie
- Il peut engager des gens qu’il payera avec un tarif horaire !
… ou finalement un mélange des deux solutions. Mais la tendance à la robotisation est grandissante ces dernières années !
Ainsi dans tous les cas, le flux de pain disponible à la vente sera plus grand, mais avec des coûts fixe. C’est ainsi que l’on voit de plus en plus de boulangeries industrielles qui congèlent le pain et qui le vendent un peu partout dans des points de vente. C’est une manière de découpler le revenu du boulanger de son temps de travail.
Voilà pourquoi un patron a un salaire plus élevé qu’un salarié à l’heure !
Comment devenir milliardaire quand on est à l’aide sociale ?
Plus la technique avance, plus notre économie se dématérialise. Il est ainsi toujours plus facile de se créer une source de revenu à potentiel illimité avec un coût fixe minime.
Voici l’exemple du développeur d’application pour smartPhone.
Il passe 3 mois à concevoir une application, il la met en vente pour une modique somme, et là plus rien à faire. Si l’application est populaire, c’est le jackpot ! …. et si personne n’en veut… c’est la ruine !
Le revenu est totalement découplé du temps de travail.
Une application comme WhatsApp est un jackpot énorme! Après 5 ans d’existence, facebook achète WhatsApp pour la modique somme de 22 Milliards de dollars !
En effet, c’est grâce à l’aide sociale minime des USA que le fondateur de WhatsApp a pu vivre et étudier pour avoir les connaissance nécessaires pour créer son application: sa source de revenu jackpot.
On peut se poser la question de ce qui aurait pu se passer si en échange de cette charité, l’état avait exigé un travail d’utilité public, comme balayer les rues, ou trier les archives de l’état ?
Est-ce que Jan Koum aurait pu avoir le temps, les ressources et les connaissances nécessaires s’il avait été assigné à un vrai-faux travail dans une entreprise fictive pour chômeur ?
Le Revenu de Base Inconditionnel permet de travailler moins pour gagner plus
Avec les explications ci-dessus, il devient possible de comprendre que la liberté et les ressources fournies par le Revenu de Base Inconditionnel permettent de se créer une source de revenus de meilleure qualité: une source de revenu qui permet de travailler moins pour gagner plus.
Le Revenu de Base Inconditionnel est un système qui est nettement plus efficace que l’aide sociale ou le chômage pour pouvoir aider les gens à se sortir de la pauvreté, pour aider les gens à se lancer dans une activité dans laquelle il sont doués, pour laquelle ils sont fait.
Toutes les expériences de Revenu de Base Inconditionnel qui ont été faites partout dans le monde ont montré que ce système encourage l’entrepreneuriat.
Ainsi, avec l’instauration d’un Revenu de Base Inconditionnel, même si le temps de travail global de la population suisse diminue, je ne suis pas certain que le revenu global de la population suisse diminue (PIB) !
Les Suisses moins bosseurs que les Grecs !
Les statistiques de l’OCDE confirment que le nombre d’heures de travail n’est pas en corrélation avec le revenu global d’un pays.
En 2012, l’année de travail moyenne comptait 2’226 heures en Corée du sud et 1’381 heures aux Pays-Bas, c’est-à-dire 38% de moins !
Avec une telle différence de temps de travail on pourrait se dire que le niveau de vie doit aussi être différent ?
Mais non, on peut pas dire que les Hollandais sont plus pauvres que les Coréens !
En 2013, on voit que les grecs sont en 3ème position des pays de l’OCDE qui travaillent le plus d’heures: 2 037 heures. Où est la la suisse ?
A la 9ème position, avec 1585 heures. Quand même une bonne différence.
Et pourtant dans les discussions de café du commerce, j’entends souvent dire… “Les grecs c’est des glandeurs.. c’est pour ça que leur économie va mal… alors qu’en suisse on est des bosseurs !” …
Ce qu’il faut retenir
Il existe plusieurs types de revenus différents qui sont couplés ou non au temps de travail.
Ainsi on ne peut pas dire qu’une diminution du temps de travail global en suisse va forcément entrainer une diminution du revenu global de la Suisse. (PIB) Ça peut même être le contraire!
Ainsi un Revenu de Base Inconditionnel peut être un outil qui permet de se sortir d’un “job” dans lequel on perd son temps à être exploité pour ne rien gagner et de se construire sa propre activité rémunérée découplée du temps de travail, et donc potentiellement plus rémunératrice.
Ainsi votez pour le Revenu de Base Inconditionnel pour avoir plus de temps et plus d’argent !
Bonjour, le principe est intéressant mais il serait malgré tout fort utile de parler de quelques possibilités de financer le RBI. Sinon, il y a le risque que les gens pensent que c’est du pur délire, que ça va ruiner la Suisse, et que c’est simplement impossible de payer les gens hors travail rémunéré.
Personnellement c’est la démarche qui m’avait convaincu. Au début je me suis dit que c’était impossible, et ensuite j’avais vu une vidéo d’une demi.heure qui expliquait le principe et ça m’avait paru plausible, donc j’avais changé d’avis !
Si on ne peut pas montrer que le truc est techniquement possible, les gens n’y croiront pas.
Exemple : on pourrait imposer que le solaire remplace toutes les centrales thermiques ou nucléaires actuelles. Mais si on ne peut pas montrer par A+B que ça tient la route, ça ne passera jamais !
Merci de votre commentaire.
par curiosité quel est la vidéo d’une demi heure dont vous parlez ?
Sinon, il y a des propositions de financement qui sont expliquées sur ce site. Il suffit de lire sur la page d’accueil sous la rubrique: “comment financer le RBI”…
Un petit lien qui peut vous être utile quant à la sensibilisation.
https://m.youtube.com/watch?ebc=ANyPxKqbcU_ZwXCYxDKqzIrZAuRAycns35qZGQSVD6G7qlVKXwYK9NK84beHDRXz3ksrM_erFH0c&time_continue=2122&v=uhg0SUYOXjw
Attention, le salaire à vie n’est pas du tout le même projet que le Revenu de Base Inconditionnel.
Le Revenu de Base Inconditionnel, reconnait l’Etre et pas juste le Faire. Ainsi le RBI est donné de la naissance à la mort et pas comme le salaire à vie qui est donné seulement à partir de 18 ans..
Voici toute un article où j’expose un peu plus les différences entre salaire à vie et Revenu de Base Inconditionnel. Personnellement, le salaire à vie ne me fait pas rêver, contrairement au RBI 🙂
Mon article sur la différence entre le salaire à vie et le revenu de base inconditionnel…
Merci:)
Je suis complêtement d’accord sur ce point de vu, c’est un autre modèle mais l’idée du lien était surtout de mettre en avant les jolies illustrations d’un capitalisme nefaste quant aux principes universels de l’homme et par la même occasion à l’environnement
Je recommande vivement la lecture d’un excellent article sur ce sujet de la plume de l’analyste Guy Sirman.
http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/cette-lumi%C3%A8re-qui-vient-du-nord
Meilleures salutations,
Paul Pittet
Bonjour à tous,
Ayant visionné un débat sur le RBI dans l’émission “Infrarouge”, je dois reconnaître qu’auparavant, cette idée me semblait farfelue et idéaliste. Cependant, avec du recul et en examinant les changements qui s’opèrent au sein de l’économie et le monde de la finance (dans lequel je suis un apprentissage), cette idée ne me semble du coup, beaucoup plus sensée que les contre-arguments proposés par messieurs Slatkine, Gallerdi ou Clottuz.
Au sein de mon entreprise, de plus en plus de personnes sont en train d’expérimenter le concept du travail à domicile (économies de trajet, économie de place, employé moins stressé), et tous reconnaissent qu’ils sont effectivement plus motivés à travailler plus longtemps grâce au temps gagné et un certain stress éliminé, et l’entreprise réalise des charges beaucoup moins élevées qu’auparavant. Il y a 15 ans, cette idée aussi était farfelue, pourtant, le privé s’y met.
Etant encore jeune (24 ans), et poursuivant ma formation, je dois avouer que le RBI résoudrerait un bon nombre de problèmes : primes d’assurance hors de prix alors que je ne suis jamais malade et en parfaite santé, logé encore chez mes parents car les loyers peuvent s’élever jusqu’à 2’000 CHF, même à la campagne et pour un studio dans un grenier où je n’ai pas la place pour travailler, de plus, ne m’entendant pas bien avec mes parents, ils sont tenus par la loi de m’entretenir jusqu’à mes 25 ans, mais tout juste pour régler mes paiements pour l’assurance, TPG, etc. Donc, quel que soit le montant, je trouve le concept intéressant, et pourrait trouver des solutions à de nombreuses personnes telles que moi à sortir d’une impasse financière qui nous condamne tous les jours à stresser et à devenir des calculatrices sur pattes dans les supérettes, et relâcherait pas mal de tension dont je suis sûr pas mal de monde en souffre.
Le financement du projet reste encore une question en suspens, mais je suis certain que la Confédération trouvera une solution à cela comme elle l’a faite pour l’AVS, l’AI, etc.
Je salue votre engagement, et j’en parle autour de moi pour changer les avis concernant le texte de l’initiative, et je pense que la Suisse est suffisamment riche pour se subvenir à elle-même. Merci de la lecture et désolé du pavé littéraire que je viens d’écrire,
Mes salutations respectueuses,
Vass
Membre du PLR, je suis en effet très déçu de leur prise de position actuel sur ce sujet. Elle me semble plus découler d’un réflexe conservateur qu’une de réelle réflexion sur le projet. En effet, je suis membre car je suis un libéral convaincu. Je crois en l’individu à sa créativité et je méfie à une trop grande intervention de l’Etat. le 20’ième siècle a assez prouvé qu’un Etat omniscient est contre-productif économiquement et anti-libéral individuellement. Toutefois ce projet responsabilisant l’individu et le libérant économiquement me paraît être parfaitement en accord avec le libéralisme. D’ailleurs celui-ci diminuerait l’intervention Étatique de quasi mise sous tutelle des gens au social. Cela permettrait aussi de valoriser les travaux de bénévolat, familiaux, etc et de revaloriser la capacité de négociation du salarié particulièrement vis à vis de jobs ingrats. La question qui me chiffonnait c’est la question du financement. Il me paraît inconcevable de voter sur un projet qui bloquerait l’économie par des taxes excessives, ou qui se financerait par endettement sans sans fin. Il semble que cette question a été très bien géré par les initiants. Je voterai donc OUI à ce projet! Meilleurs salutations. Lionel W
Même égoïstement, les plus de 65 ans devraient soutenir le RBI pour avoir une chance que leurs enfants ou petits-enfants puissent leur consacrer du temps, sans être dans la précarité, ou à leurs crochets pour autant. Un peu plus de partage inter-générationnel serait une bonne chose pour tout le monde.